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la mer

VII

LA GLOIRE DE L’EAU


De l’éternelle Isis les seins inépuisés
Offrent toujours leur lait magique à nos baisers.
Les poëtes d’antan ne cherchaient sur les grèves
Qu’un mélancolieux promenoir, pour leurs rêves,
Un écho résonnant à leurs propres sanglots.
Ceux de l’heure présente y cherchent des tableaux,
Mais pour tous ces râcleurs de lyre ou de palette,
La mer n’est qu’un miroir où leur moi se reflète.
D’autres oiseaux, a dit Heine, d’autres chansons !
Aussi nous, les rimeurs de demain, nous pensons
Que la Nature a sa figure personnelle.
Qu’il ne faut pas toujours nous admirer en elle.
Et qu’à la contempler sans nous voir au travers
On peut trouver profit et plaisir et beaux vers.
Nous voulons pénétrer les effets et les causes.