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la mer

Voici les cris psalmodiés
Des paludiers
Et leurs grands chapeaux sur la grève.

Il fait doux. Un nuage clair
Rafraîchit l’air
Et se traine en rose buée
Sur la soie et l’or et l’argent
Qui vont nageant
Dans la vasière remuée.

Sans plus arrêter mon regard
Au jour hagard
Où la terre sera squelette,
Je hume sous les pins chanteurs
Les deux senteurs
Qui se fondent en violette.

Et je jouis en m’en grisant
Du jour présent
Où la pinède et la saline
Versent en moi comme infusés
Vos deux baisers,
Sol amoureux et mer câline.