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les grandes chansons

Oui hausse ses meulons de grains sur la ladure.
Et le sel enfin net, libre de sédiments,
Étincelle au soleil comme des diamants.

*


Ô diamant, ô perle fine
Digne du front des souverains.
Et qu’on devrait comme divine
Clore en de précieux écrins.
Bien du pauvre que nul n’envie.
Moisson d’écume aux flots ravie,
Fleur de vase changée en grains,
Élixir dont la force amère
Soutient notre vie éphémère.
Pleur concret de la bonne mère,
Goutte de moelle de ses reins,

Ô sel, ô nutritive manne
Qui jamais ne t’anéantis,
Par le sein de qui tout émane
Offerte à tous les appétits,
Ô sel aimé de tous les êtres,
Pour qui se battaient nos ancêtres
Au fond des cavernes blottis,
Ô sel qui jadis eus dans l’âtre
Près du feu ton culte idolâtre.
Sel que la brute sur le plâtre
Lèche et gratte pour ses petits,