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la mer


Que ta tristesse et ses charmes,
C’est nos chagrins exhalés,
Que peut-être c’est nos larmes
Qui rendent tes flots salés.

Que ta gloire est un mensonge
De nos hymnes louangeurs,
Et que ta vie est un songe
Dont nous sommes les songeurs ;

Car ta voix sans interprète
N’est que du son, et tes vœux
N’ont que le sens qu’on leur prète,
Et pas celui que tu veux,

Et ton eau toujours en fuite
Ne prononce dans son cours
Que des paroles sans suite
Dont l’homme fait un discours.