Page:Richepin - La Mer, 1894.djvu/269

Cette page a été validée par deux contributeurs.
255
les grandes chansons


Je veux sentir mon corps en flamme
Froidir entre tes seins visqueux ;
Je veux que mon être s’y pâme,
Et coule, et se fonde avec eux.

Je te veux, fantôme, chimère,
Corps fluide et tumultueux,
Ô maîtresse, ô mère, ô grand’mère,
Rêve d’un rut incestueux,

Ô divine génératrice
De qui tous nous sommes sortis,
Et qui nous rouvres ta matrice
Amoureuse de ses petits,

Ô vieille, vieille, d’où ruisselle
Toute jeunesse incessamment,
Vieille catin toujours pucelle
Dont l’homme est le fils et l’amant !

*


Ah ! la vieille, la vieille, la vieille,
Qui toujours aura quinze ans !