Page:Richepin - La Mer, 1894.djvu/248

Cette page a été validée par deux contributeurs.
234
la mer

XXI

ELLE TOUJOURS


Car ce serait assez pour que l’on te bénît,
Sainte étoile du nord, si tu n’étais qu’un phare,
Toi par qui les bateaux, quand leur aile s’effare,
Sont en un sûr chemin ramenés à leur nid.

Quelquefois cependant le phare se ternit,
Et l’heure où de rayons son feu nous est avare,
C’est l’heure où l’ouragan soufflant dans sa fanfare
Pousse au galop sur nous son cheval qui hennit.

Mais quoi ! Même à cette heure, et sans que l’on te voie,
Aux matelots perdus montrant toujours la voie,
Tu guides dans la nuit l’aiguille du compas ;

Et c’est toi, toujours toi, que nous voyons en elle,
Ancre immobile, dont le câble ne rompt pas,
Ancre jetée au fond des cieux, ancre éternelle !