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la mer


Mais je saurai me venger.
Toujours, les nuits de danger,
Je regarde
Pour trouver enfin l’écueil.
J’ai la forme d’un cercueil.
Prenez garde !

Une nuit que vous serez
Affolés, désemparés
Sous la brise.
Vous sentirez brusquement
S’effondrer le bâtiment
Qui se brise.

Alors, pleins d’un vain remord,
Illuminés par la mort
Si prochaine,
Vous comprendrez qu’il fallait
Laisser pousser comme il est
Le vieux chêne.

*


Ainsi, triste et mécontent,
Le bateau crie en parlant.
Mais le mousse
Chante sa chanson. Sa voix
Enfantine est à la fois
Rauque et douce.