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la mer

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BAISERS PERDUS


Pauvres voyageurs las qui vont cherchant fortune.
Des oiseaux de passage au mât se sont posés,
Et leur chant retentit par les airs accoisés
Dans la hune.

Vers son pâle amoureux gonflant sa gorge brune,
La mer envoie au ciel ses vœux inapaisés.
Des lèvres de ses flots monte un vol de baisers
À la lune.

Pauvres voyageurs las, vous trouverez fortune.
Vous oublierez vos maux aux pays embrasés,
Là-bas ! Et c’est de quoi si gaîment vous causez
Dans la hune.