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la mer

IV

LE MARGAT


Engourdi de froid sous ma capote,
Battu par la pluie et par le vent,
Je regardais l’eau qui sur l’avant
En paquets d’embrun saute et clapote.

La mer était dure, et par dessous
Se gonflait avec d’étranges râles.
Les flots ténébreux et pourtant pâles
Avaient dans la nuit l’air d’hommes soûls.

Dire que cette onde est maternelle !
Au creux des remous, puis au sommet.
Voguait un margat. Il y dormait,
Calme, ayant sa tête sous son aile.