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les gas

XIII

LES HALEURS


La oula ouli oula oula tchalez !
Hardi ! les haleurs, oh ! les haleurs, halez !

C’est pas tout d’avoir charge ; il faut rentrer sa charge.
Or la brise aujourd’hui ne souffle point du large,
Mais d’amont ou d’aval, du noroit ou suroit,
Ou même vent debout dans le chenal étroit.
Aussi les chalutiers zigzaguent dans la rade
Et courent bord sur bord ainsi qu’à la parade
Avant d’arriver juste au pertuis du goulet
Où l’on doit entrer raide et droit comme un boulet.
Enfin, d’un dernier coup d’aile rasant le môle,
Le ventre à fleur de vague et l’écume à l’épaule,
Presque couchés sur l’eau qui balaye le pont,
Ils s’enfilent de biais, se redressent d’un bond,
Et les voilà flambards entre les deux jetées.
Les voiles vont claquant sur les vergues fouettées,