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les gas


Tous les jours avec de l’eau douce
Ils se lavent au saut du lit
À force de savon qui mousse
Et qui polit.

Ils ont la peau comme une espèce
De baudruche passée au lard.
J’aime mieux ta basane épaisse
Comme un prélart.

Car c’est avant tout la chlorose
Qui donne à leur teint ce reflet
Et fait ces pétales de rose
Trempés de lait.

Toi, que ton cuir soit propre ou sale,
Qu’importe ! Il est d’un fameux grain,
Il se tanne au soleil, se sale
Dans le poudrain,

Se culotte aux souffles du large,
Se cuit même dans ton sommeil ;
Mais dessous court au pas de charge
Un sang vermeil.

Et tout cela, mon camarade,
Hâlé, fumé, roux, fauve, brun.
Le soleil, l’eau, l’air de la rade,
Le vent, l’embrun,