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marines


D’abord, un frisson sur la plaine
De satin vert aux reflets bleus.
Puis un grand pli, large, onduleux,
Que par dessous gonfle une haleine.

Ensuite, une barre d’acier
Rectiligne et raide d’arête.
Après, un mont à blanche crête
Comme une Alpe avec son glacier.

Soudain, quand de terre elle approche,
C’est un monstre au gosier béant,
Dont les mâchoires de géant
Vont broyer d’un seul coup ma roche.

Non, il s’aplatit, étalé,
Tel un linge mouillé qu’on plaque,
Et la moitié retombe en flaque
Avec un gargouillis râlé.

Mais l’autre, élastique, s’enlève
Comme sur sa queue un serpent,
Tout à coup, long, aigu, coupant,
Rigide, noir, surgit un glaive.

C’est un panache ! Et brin à brin
Le vent prend sa plume envolée
Qu’il change en averse salée
Dans l’air embrumé de poudrain.