Cette page a été validée par deux contributeurs.
91
marines
Quel jour bizarre ! On dirait
Qu’on est au pays secret
Inconnu même des rennes,
Où l’effluve sans chaleur
Colore seul la pâleur
Des nuits hyperboréennes.
Dans l’air obscur et glacé
Voici qu’un vol a passé,
Oiseaux du nord, lummes, grèbes,
Dont les bras battant les flancs
Sèment tous ces œillets blancs
Cueillis dans les blancs Érèbes.
Oui, c’est le pôle ! On s’y croit.
L’enfer sombre, l’enfer froid.
Aux aurores magnétiques.
L’enfer blême où l’on attend
Les banquises cahotant
Leurs défilés fantastiques ;
Car sous ce voile épaissi
Il semble qu’on voie aussi.
Comme aux horizons polaires
Voguer sur l’écran des cieux
Les glaçons silencieux
En flottes crépusculaires.