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la chanson des gueux
Ou bien est-ce à moi, le gueux libre,
Soûl d’azur et dont l’aile vibre
En plein soleil,
Moi qui l’été m’amuse et rôde,
Qui l’hiver sous la terre chaude
Dors mon sommeil,
Et qui cours joyeux par la plaine,
Mangeant à ma guise, sans peine
Et sans remords,
Suivant la Mort épouvantable
Qui partout dresse sur ma table
La chair des morts ?
Lorsque je vis à ne rien faire,
Toi, tu travailles, pauvre hère,
Jusqu’au tombeau.
La sueur te brûle et te sale.
Ton corps est laid, ton corps est sale.
Moi je suis beau.
*
Et je vis, sur ma main, bourdonnant de colère,
Un être merveilleux et pourtant tout petit.
Ce rien du tout luisait comme un spectre solaire.
C’était un scarabée. Il eut peur et partit.