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la chanson des gueux


VIII

NOCTAMBULES


Par les quais, les places, les rues,
Après minuit, avant le jour,
Lorsque les foules disparues
Dorment leur somme épais et lourd,

Quand l’ombre sur les ridicules
Jette son manteau ténébreux,
Ils vaguent, les bons noctambules,
Et sous le ciel causent entre eux.

Ils ont pour cravate une loque ;
Leurs habits sont vieux et souillés ;
Et leur pantalon s’effiloque
Sur le rire de leurs souliers.

Mais ils se moquent de la pluie
Qui rafraîchit leur crâne en feu
Et de la bise qui s’essuie
Sur leur nez qu’elle peint en bleu ;