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la chanson des gueux


VI

À FRÉDÉRICK LEMAÎTRE


Le Samedi 29 janvier 1876, on enterrait au cimetière Montmartre Frédérick Lemaître. Après plusieurs discours prononcés sur la tombe, le poème suivant fut dit par M. Mounet-Sully, avec une émotion profonde. En terminant cet adieu au grand artiste, le jeune tragédien eut un geste d’une simplicité sublime et d’un effet poignant. Il déchira les feuillets et les laissa choir comme des fleurs dans la fosse ouverte.
(Note de l’éditeur.)


Salut, maître ! Salut, géant ! Salut, génie !
Tu ne me connais pas. Mais nous te connaissons.
Nous venons saluer ta gloire non finie,
Toi qui ne mourras pas, nous autres qui naissons.

Nous venons saluer l’art même en ta personne,
Nous venons couronner l’artiste surhumain,
Et dire, dans des vers où ton grand nom résonne,
Nos souvenirs d’hier aux vivants de demain.