Page:Richepin - La Chanson des gueux, 1881.djvu/289

Cette page a été validée par deux contributeurs.
252
la chanson des gueux


V

À ADRIEN JUVIGNY


quatre ans après


(Mort le 3 septembre 1873.)


Quis potis est dignum pollenti pectore carmen
condere pro rerum majestate, hisque repertis ?
Quisve valet tantum verbis ut fingere laudes
Pro meritis ejus possit, qui talia nobis
Pectore parta suo quæsitaquo præmia liquit ?

(Lucrèce.)


Ô pauvre Juvigny, pauvre être solitaire,
Le plus grand de tous ceux que j’ai connus sur terre !
Je retrouve aujourd’hui ces vers gais et railleurs
Écrits voilà quatre ans. J’en ai fait de meilleurs.
Mais ceux-ci me sont chers plus qu’un parfait poème,
Parce que tu m’as dit autrefois : « Je les aime. »
Parce qu’ils t’ont fait rire, éternel malheureux,
Parce que ton grand front s’est incliné sur eux.