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la chanson des gueux

Dis que ton père était bélître,
Que ta grand’mère était catin ;

Braille, blague, monte des scies,
Sois blanc, noir, jaune, rouge, bleu ;
Fais-leur prendre enfin tes vessies
Pour des lanternes, sacrebleu !

Alors, quand le grand rire bête
Aura bien secoué leurs flancs,
Gonflé leur col, rougi leur tête,
Et fait rouler leurs gros yeux blancs,

Quand leurs bouches seront des antres,
Et quand, le derrière aux talons,
Ils feront craquer sur leurs ventres
Épanouis leurs pantalons,

Alors, dressant ta haute taille,
Combats sans merci, sans repos,
Frappe d’estoc, frappe de taille,
Et fais des haillons de leurs peaux ;

Et s’ils te demandent des grâces,
Frappe toujours, n’en donne point ;
Et crève leurs bedaines grasses,
À coups de pied, à coups de poing ;

Et grandis, grandis comme un songe
À leurs regards épouvantés,