Page:Richepin - La Chanson des gueux, 1881.djvu/275

Cette page a été validée par deux contributeurs.
238
la chanson des gueux


X

CIMETIÈRE INTIME


J’ai déjà vu plus d’une année,
Belle fille aux fraîches couleurs,
Mourir vieille, jaune, fanée,
Et perdre son chapeau de fleurs.

Adieu, adieu, rose qui tombes !
Adieu, adieu, beau mois de mai !
Mon cœur est le pays des tombes
Où mon bonheur est enfermé.

Espoirs, illusions vermeilles,
Vœux de gloire, pensers d’amour,
Ainsi qu’un jeune essaim d’abeilles
S’envolèrent au point du jour.

Mais, comme ils montaient vers la nue,
Un tourbillon les emporta,
Et le vent à l’haleine aiguë
Brutalement les souffleta.