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la chanson des gueux


On faisait un doux roman
Sur l’antique ritournelle,
Quand arrive au beau moment
Le couic de Polichinelle.

Couic ! il faut te déranger,
Dit la panse inassouvie.
Couic ! rêver est un danger
Quand on doit gagner sa vie.

Couic ! travaille, va, viens, cours !
Le reste n’est que mensonge,
Et les instants sont trop courts
Pour les dépenser en songe.

Ô vie âpre qui nous tords
Comme un grain dans une roue,
Vie aux yeux creux, aux pieds tors,
Aux doigts crochus pleins de boue,

Polichinelle moqueur,
Ventre, amour, chose infernale
Qui viens nous percer le cœur
De ta pratique banale,

Pour ton vulgaire souci,
Pour tes stupides services,
Comme on te haïrait, si
Tu n’avais pas tant de vices !