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la chanson des gueux


II

LE VIN TRISTE


J’ai du sable à l’amygdale.
Ohé ! ho ! buvons un coup.
Un, deux, trois, longtemps, beaucoup !
Il faut s’arroser la dalle
        Du cou.

J’ai le cœur en marmelade,
Les membres froids, l’esprit lourd.
Hé ! ho ! crions comme un sourd
Pour étourdir ce malade
        D’amour.

J’ai le nez blanc, l’œil qui rentre,
Le teint couleur de citron,
Le corps sec comme un mitron.
Je veux trogne rouge, et ventre
        Tout rond.