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la chanson des gueux

IX

FLEURS DE BOISSON


à raoul ponchon


Ouf ! j’ai soif comme si je mâchais de la laine…
Allons ! donne l’avoine à mon gosier fourbu.
Du vin ! nous faut du vin ! Je veux que mon haleine
Suffise pour soûler ceux qui n’auront pas bu.

Je veux qu’en me voyant le Panthéon recule,
Craignant d’être écrasé par mon choc, et je veux
Faire ce soir le jour après le crépuscule,
Grâce au soleil dont les rayons sont mes cheveux.

Tiens ! prenons l’omnibus, tout couvert de gens ternes
Qui par mon flamboiement vont être illuminés.
Le vieux cocher, prenant mes yeux pour ses lanternes,
Allumera sa pipe aux braises de mon nez.

De l’odéon pensif aux tristes Batignolles
Nous irons. Telle va la comète qui luit !