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la chanson des gueux


Faut-il en pleurer ? C’est sot.
Que j’aie os ou vinaigrette,
De Platon je tiens un mot
Qu’avec Platon je répète :
Bast ! zut ! ὅ τι ἂν τυχῶ !
À l’hasard de la fourchette !
Bast ! zut ! ὅ τι ἂν τυχῶ !
J’ vas fourrer mes doigts dans l’ pot.

Comme un autre j’eus mon jour
Où je croyais à l’amour
     Sans fin et sincère.
J’ai vu depuis ce que c’est.
Il dure le temps qu’on met
     À vider un verre.
Ta maîtresse, si tu veux,
Sur un signe de tes yeux
     À tes pieds se vautre.
Vile esclave, à deux genoux
Elle t’aime… Tournons-nous,
     Elle en baise un autre.

Faut-il en pleurer ? C’est sot.
La femme se vend. Achète !
De Platon je tiens un mot
Qu’avec Platon je répète :
Bast ! zut ! ὅ τι ἂν τυχῶ !
À l’hasard de la fourchette ?
Bast ! zut ! ὅ τι ἂν τυχῶ !
J’ vas fourrer mes doigts dans l’ pot.