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nous autres gueux

IV

IVRES-MORTS


Si nous faisions une orgie,
     Trognon, qu’en dis-tu ?
Lit défait, nappe rougie,
     Zut à la vertu !
Notre amour qui vient de naître
Demain sera mort peut-être
Avec cette nuit d’été.
Pour qu’il voie au moins l’aurore
Il faut boire, et boire encore,
     Boire à sa santé.

Le vin coule, coule, coule.
     Coulons comme lui.
Sous le large flot qu’il roule
     Roulons notre ennui.
Dans sa pourpre qui ruisselle
Flambe une longue étincelle,
Rayon du couchant vermeil.