Page:Richepin - La Chanson des gueux, 1881.djvu/21

Cette page a été validée par deux contributeurs.
X
la chanson des gueux

corde tout cela. Je fais d’ailleurs mes réserves. Il y a là une question littéraire à élucider, laquelle nous entraînerait trop loin. Tout d’abord, me retranchant derrière la sagesse des nations qui dit que « des goûts et des couleurs il ne faut pas discuter, » je pourrais arguer du nombre de mes lecteurs, pour prouver que nous sommes plusieurs ayant le mauvais goût d’avoir un autre goût que le soi-disant bon goût, et soutenant que notre mauvais goût est fort bon. Je ne manquerais pas non plus d’avancer cette thèse évidemment juste, à savoir que les mots valent par la place où ils sont, et changent d’aspect selon les lieux où ils se disent, et je citerais comme exemple certain vocable, immonde dans un salon, qui est devenu sublime sur le champ de bataille de Waterloo. Mais je ne veux pas m’attarder à ces ratiocinations de pure rhétorique. Je passe donc condamnation sur ma grossièreté, sur ma crudité. Il est entendu que je suis un mal élevé, un lâcheur de gros mots, un vilain dégoûtant. Qu’est-ce que cela établit contre ma moralité ? Mon livre excite-t-il à la débauche, au vice, au crime ? Voilà ce qu’il fallait démontrer. Or, je nie qu’on puisse le faire.

La gauloiserie, les choses désignées par leur nom,