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gueux de paris

Moi, j’ai du sang, du nerf, d’ la moelle,
Du poil partout. Ça m’ tient lieu d’ toile.
J’ai froid null’ part, surtout aux yeux.

Aussi j’ suis gai. Quand la lansquine
M’a trempé l’ cuir, j’ m’essui’ l’échine
Dans le vent qui passe et m’ fait joli ;
Et j’ soutiens qu’ les gens vraiment sales
C’est ceuss que pour laver leurs balles
Il leurs en faut cinque d’Bully.

Viv’ la gaîté ! J’ai pas d’ chaussettes ;
Mes rigadins font des risettes ;
Mes tas d’ douilards m’ servent d’ chapeau ;
Mais avec vous j’ chang’rais pas d’mise.
Qué qu’ ça fait qu’on n’ait pas d’ chemise,
Quand qu’on a du cœur sous la peau ?