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la chanson des gueux
Un rire de rage et de fièvre
Vient vous morde au coin de la lèvre
Et vous tord le cou.
Car la voix, jetant un sarcasme,
Étouffe dans un accès d’asthme
Ridicule, et le son pâmé
A l’air d’avaler des arêtes
Avec les étranglements bêtes
D’un chat enrhumé.
Mais le fou sait jouer son rôle,
Et, s’apercevant qu’il est drôle,
Se met à pleurer et se plaint.
Cette plainte d’abord est telle
Qu’une mouche qui bat de l’aile
Dans un nez trop plein.
Peu à peu pourtant elle chante
Sur une note si touchante
Qu’elle éteint le rire moqueur ;
Et d’amères rancœurs remplie
Sa navrante mélancolie
Vous va droit au cœur.
Oubliant ce qu’on vient d’entendre,
On s’apitoie, on devient tendre
Pour le fou qui pleure toujours.