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gueux des champs


Que plus tard dans les verts sentiers
Il a passé des jours entiers
À défleurir les églantiers,

Qu’au mois de mars, mois des pervenches,
Il a souvent pris par les hanches
De belles filles aux chairs blanches,

Que le hasard avait grand soin
De lui garder toujours un coin
Bien chaud dans les meules de foin,

Qu’il avalait à pleine tasse
Le vin frais, si doux quand il passe,
Et la bonne soupe bien grasse,

Et qu’il avait beau voyager,
Lui l’inconnu, lui l’étranger,
Chacun lui donnait à manger,

Et que les gens sont charitables
D’ouvrir au pauvre leurs étables,
De lui faire place à leurs tables,

Et que nulle part, même aux cieux,
Les misérables ne sont mieux
Que sur terre ; et le pauvre vieux