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II
la chanson des gueux

sième sexe), et là, parlant à ma personne par la bouche d’un monsieur grave, vêtu d’une robe noire, m’a condamné à trente jours de prison, que j’ai faits, à cinq cents francs d’amende, plus des frais, que j’ai payés, et m’a stigmatisé à l’indignation de mes contemporains, comme un homme convaincu du délit d’outrage aux bonnes mœurs.

Après la lecture de cet aveu pénible, mais sincère, j’espère pour ta pudeur, ô lecteur honorable, père prudent, époux irréprochable, que tu vas fermer ce livre malsain, le reposer du bout des doigts dans la devanture où il étale cyniquement sa honte, et courir chez ta maîtresse pour te consoler un peu de la dépravation lamentable qui sévit sur les lettres françaises.

Que si, nonobstant, tu as la conscience plus large que mon critique n’avait l’esprit, si tu ne veux point t’en rapporter à son jugement, non plus à celui du tribunal, et que tu me demandes mon humble avis sur leur avis, je suis prêt à te le donner, et je te prie de continuer à lire cette préface, après avoir toutefois accepté mes plus doux remerciements pour cette tant gracieuse condescendance.

Et d’abord, quant au critique, je te dirai qu’il m’est difficile d’en parler et d’apprécier sa valeur littéraire