☞ Le P. Bouhours fait une ample remarque, pag. 65. ſur ces deux mots, artiſan, ouvrier. On dit, un pauvre artiſan, un ouvrier à la journée ; on dit auſſi, ce divin artiſan, cet admirable ouvrier. Nous diſons d’un Prince, qu’il eſt l’artiſan de la fortune des particuliers. Mais pour relever la baſſeſſe du mot ouvrier & artiſan, on y ajoute un adjectif qui en donne une idée bien diférente de celle que l’on a lorſque le mot eſt tout ſeul. Le Pere Bouhours ajoûte, qu’artiſan & ouvrier n’ont jamais de régime dans le propre, & qu’ils en ont quelquefois dans le figuré : on ne dit point en François, d’un Cordonnier, qu’il eſt l’artiſan de ſon ſoulier ; ni d’un Menuiſier, qu’il eſt l’ouvrier d’une porte : on dit, c’eſt un bon artiſan, c’eſt un bon ouvrier. Au contraire, dans le figuré, on dit élégamment artiſan & ouvrier, avec d’autres mots qui en ſont régis. Balzac dit dans ſes Entretiens, en parlant de Mécénas : « Cet homme envoyé extraordinairement pour l’ornement de ſon ſiécle, pour la derniére perfection des ſciences & des arts, pour inſpirer les Poètes, les Hiſtoriens & les Orateurs, pour donner du courage & de la force à tous les autres artiſans de la belle gloire. » Mademoiſelle de Scuderi dit, dans la Converſation des ſouhaits : « Il y a quelque choſe de plus doux à être ſoi-même l’artiſan de ſa propre grandeur, & à ne devoir rien qu’à ſoi-même. » A l’égard d’ouvrier, Patru dit, dans l’Eloge de Pompone, de Belliévre : « Chanceliers de Belliévre & de Sillery, fameux ouvriers de la mémorable Paix de Vervins. » Il dit ailleurs : « Qui n’admirera cet eſprit céleſte, qui fut l’ouvrier de tant de fictions ingénieuſes, & qui nous mène par un chemin ſemé de fleurs, juſques aux portes du Sanctuaire ? » Peliſſon a uſé de la même phraſe dans le Panégirique du Roi : « Qui ne l’admirera lui-même infiniment davantage, ſi par les voies plus ſecretes, plus obſcures & plus inconnuës du gouvernement dont il eſt lui ſeul l’ouvrier, le conducteur & le maître, il a ſçû corriger, ſurmonter & changer en mieux les mœurs, les inclinations & le génie de ſes peuples ? »
Artison, ſ. m. [Teredo.] Petit ver qui s’engendre dans le bois & qui le perce avec ſon bec comme avec un forêt.
Artiste,/ m. [ Artifidofus. ] Il vient de l’Italien ou de l’Efpagnol anifia. Ouvrier qui travaille avec efprit & avec art. (Artiftc fameux, artifte célèbre, connu, glorieux, habile, intelligent, favant en tout ce qu’il fait. L’Artifte ingénieux a tant fait, que fans fonte il a trouvé le fecret de faire compatir l’or avec le laiton, fur la fuperficie feulement, par le mélange du mercure. Traité des ef’ais, c. J. Aucun artifte ne doute qu’il ne faille préparer la tériaque au mois de Novem.bre. Caras, Pharmacopée. La Chimie fait connoître à l’artifte les premiers principes des chofes. Fanhelmont, fur la compojîtion des remèdes.")
yirtifle, adj. Qui travaille avec art, qui travaille adroitement & félon l’art. ( C’eft une main artifte. ) Artifte fe dit auflî de ceux qui font profefTion de quelque art & qui s’y diftinguent. ( Un bon artifte, un grand artifte. La France a une grande fupériorité fur les autres Nations, par le mérite & la célébrité de fes artiftes. )
Artistement, adv. [Artificiosi. ] Prononcez artijîeman. Avec art, avec adreffe, avec efprît, ART. ARV. ARZ. 19Î
félon les régies de l’art. ( Un vafe artîftemenf travaillé. Defp. longin.
I ! voiiloit que fix vers arti(}emait rangez, FiilTent en deux tercets, par le fcns partagez. Dfp. Poà. c. 2. )
Artrique, / / Voïez Arthritique.* Artrodie,// ; [^moûf/(z.] Terme d’Anatomie. Voïez Arthrodie.
A RT R O N,/ OT. Terme SAnatomie. C’eft une jonfiion naturelle d’os, en laquelle les bouts des deux os s’entretouchent. Il y en a deux efpéces, la diarthrofe & la finarthrofe. Arts & Métiers. On apelle ainfi à Paris les Communautés d’artifans établis en corps de jurande, & où il y a aprentliîage, maîtrife & jurés. Ils font diférents de ce qu’on nomme les fix corps des Marchands.
Artus,/^. Nom d’homme. Il y a eu un Roi qu’on apelloit Artus, qui a régné en Angleterre. Il a été brave & vaillant, & a été tué dans une bataille par les Saxons. Ce glorieux Prince a établi les Chevaliers de la Table-Ronde. Hifloire d^ Angleterre.
ARV.
§r1f" Arvales. Les Frères Arvales, dont il eft fait mention dans l’Hiftoire Romaine, étoient une focieté de douze hommes d’une naiffance illuftre, qui s’aflembloient pour faire des facrifices, afin d’obtenir une abondante récolte. On dit que Acca Laurencia, nourrice de Romulus, faifoit, tous les ans, des facrifices pour demander aux Dieux la confervation des fruits de la terre ; & afin de rendre fa demande plus favorable, elle avoit avec elle fes douze enfans. L’un d’eux étant mort, Romulus voulut prendre fa place, & voulut que l’on apellât cette efpéce de fociété, Fratres Arvales, parcs que leur foin étoit de prier pour la fertilité des champs apellez arva. On continua depuis ce tems-là cette compagnie ou colége de douze Frères Arvales, qui s’afî’embloient au Capitole, ou dans le temple de la Concorde, ou dans celui de la Déeffe Dia. Ils faifoient, au mois de Mai, des luftrations publiques autour des champs. Servius, fur Virgile, prétend que l’on facrifioit une truie pleine, &c. V oiez Lomeier, de Lufrationib. cap, zg. Voïez aufli le Diclionaire de la Fable.
Arv M, f m. Plante, dont la tige eft haute d’une paume ; fes feuilles reflemblent à la ferpentine ; fa graine eft aufli jaune que le fafran. Elle a les mêmes propriétez que la ferpentine. A R u s p I c E, / m. Ce mot vient du Latin arufpex. Il fignifioit, chez les Romains, un Sacrificateur qui prédifoit l’avenir, en examinant la qualité des entrailles des bêtes facrifiées. ARZ.
^^ Arzegaye. Bâton ferré par les deux bouts, dont certains foldats que l’on apelloit Efiradiotes fe fervoient à toutes mains. Voïez le P. Daniel, tom. l. pag. Zjl. de fon Hifioire de la Milice Françoife.
Arzel, Arzelle, adj. Il fe dit des chevaux, c’eft-à-dire, qui a une marque de poils blancs au pié de derrière, depuis le boulet jufqu’au fabot. ( On n’aime point les chevaux arzels. Cette cavale me plairoit aflTez, fi elle n’étoit Bbij