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Histoire

civiles, mais un peu hors de saison, nous ont fait perdre ce que Sir Charles alloit ajouter. Et j’ai remarqué ensuite qu’il en prenoit adroitement occasion de suspendre le récit de son affaire, pour éviter de le faire en ma présence.

Mais je suis obligée de descendre, ma chere. On me demande, & je crois l’heure du dîner fort proche. Peut-être aura-t-on réussi à le faire parler.

Que je vais être fiere, chere Mylady ! Pendant mon absence il a dit mille choses à la gloire de votre Henriette. On n’a point encore tiré de lui son aventure. Il suppose, a-t-il répondu, que M. Greville la publiera lui-même. Il veut voir, par son récit, s’il est réellement homme d’honneur. Graces au Ciel, a-t-il ajouté, je n’ai pas fait le moindre mal à un homme qui vante sa passion pour Miss Byron, & ses liaisons avec cette Famille.

N’espérez pas, ma chere, que je puisse vous exprimer l’air de joie & d’amitié avec lequel tout le tems du dîner s’est passé. En sortant de table, ma Grand-Maman, toujours complaisante pour les amusemens de la Jeunesse, a proposé à Lucie de s’asseoir devant son clavessin, dans la vue, comme je l’ai remarqué, de m’y attirer après elle. Nous lui avons obéi toutes deux. La mémoire m’a manqué dans une pièce Italienne. Avec quelle douceur Sir Charles s’est-il offert à m’aider, portant la main lui-même