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du Chev. Grandisson.

la fiere Henriette. Qu’il le soit, s’il l’ose. Fasse le Ciel, a repris mon Oncle, qu’il soit retourné à Londres ! Peut-être que s’étant trompé de chemin, a dit M. Deane, il se sera rendu chez Madame Sherley. Nous avons tâché alors de nous rappeler les termes dans lesquels il s’étoit invité lui-même. Quelqu’un a proposé d’envoyer à Northampton pour s’informer de ce qui pouvoit le retenir. Quelque accident, peut-être… N’a-t-il pas des Domestiques, a demandé ma Tante, dont il auroit pu nous dépêcher un ? Cependant, Henriette, enverrons-nous ? a-t-elle ajouté.

Non, en vérité, lui ai-je répondu d’un air colere. Mon Oncle prenant plaisir à m’agacer, a fait un grand éclat de rire, dans lequel néanmoins il y avoit plus d’humeur que de joie. Comptez, Henriette, qu’il est retourné à Londres. Je l’avois prévu, Madame Selby. Il vous écrira de Londres, ma Niece, j’y engage ma vie : & recommençant à rire de toutes ses forces, que va dire votre Grand’Mere ? Quel sera l’étonnement de vos deux Cousines ? Le dîner d’aujourd’hui, comme le souper d’hier, pourra bien être servi & levé sans qu’on y touche.

Je n’ai pu soutenir cette scene. Je me suis levée, & faisant à mon Oncle, quoique civilement, un reproche de sa dureté, j’ai demandé la permission de me retirer. Tout le monde l’a blâmé. Ma Tante me suivant jusqu’à la porte, & prenant ma main, m’a