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Histoire

retirée d’abord, de peur qu’il ne me crût de l’affectation ; mais devant un si grand nombre de témoins, j’ai pensé que Sir Charles étoit un peu libre. Cependant, comme je ne la retirois point, il ne pouvoit pas honnêtement la quitter : ainsi la faute pouvoit venir de moi, plutôt que de lui. J’ai demandé ensuite à ma Tante, si ses regards ne lui avoient pas paru ceux d’un homme sûr du succès ? Elle m’a dit qu’elle avoit remarqué dans son air une liberté mâle, mais avec un mêlange de tendresse qui lui donnoit une grace infinie. Pendant qu’il étoit contraint par sa situation, a-t-elle ajouté, il n’est pas surprenant qu’il vous traitât avec le simple respect d’un Ami ; mais à présent qu’il est libre de s’expliquer, sa conduite doit être celle d’un Amant, c’est-à-dire, précisément celle qu’il a tenue.

Il m’a rendu l’usage de la voix, en me parlant de vous, ma chere, de Mylady L…, de vos deux Maris, & de sa Pupille. Mon Oncle & ma Tante sont sortis, pour délibérer ensemble, autant que j’en ai pu juger, s’il convenoit que mon Oncle offrît à Sir Charles un appartement au Château, pour le séjour qu’il avoit à faire dans le Canton ; ses gens étoient demeurés dans la cour pour attendre ses ordres. Ma Tante, qui est exacte, comme vous le savez, sur les bienséances, a représenté à mon Oncle, que graces au soin de M. Greville, tous nos Amis étoient bien informés que c’étoit la premiere