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du Chev. Grandisson.

Chere Madame, m’a-t-elle dit, permettez que je sorte pour quelques minutes : il faut que je me soulage ; ensuite vous ne me verrez que de la joie.

Elle m’a quittée ; une demi-heure après, elle est revenue avec un visage tout différent. Mylady L… étoit avec moi, & je lui avois raconté l’émotion de notre chere fille. Nous vous aimons toutes deux, lui ai-je dit, en la revoyant paroître, & vous ne devez rien craindre de ma Sœur.

Et vous lui avez donc appris, Madame… N’importe. Je ne suis pas une hypocrite. Quelle étrange avanture ! Moi, qui ai toujours craint que ce ne fût une autre, parce que j’aime tant Miss Byron, être aussi bizarement émue que si j’en étois fâchée ! Je m’en réjouis, je vous assure ; mais si vous le dites à Miss Byron, elle ne m’aimera plus ; elle ne me permettra point de vivre avec elle & mon Tuteur ; & que deviendrai-je alors ? Car je m’étois remplie de cette idée.

Miss Byron a tant d’amitié pour vous, ma chere, qu’elle ne vous refusera rien de ce qu’elle pourra vous accorder.

Si le Ciel fait tout ce que je desire pour le bonheur de Miss Byron, elle sera la plus heureuse des femmes : mais d’où m’est venue cette émotion ? Cependant je crois le savoir : Ma Mere est malade ; elle m’a témoigné un vif regret du passé ; elle m’a baisée pour l’amour de mon Pere, en se repentant d’avoir été une mauvaise Femme pour le meilleur des Maris.