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Histoire

sujet. J’espere, Henriette, que vous ne serez point offensée de cette remarque.

Mon Frere ne nous avoit pas dit un mot de ses intentions, jusqu’à l’arrivée de cette Lettre. Il nous a rassemblés alors, ma Sœur & moi, & nos deux honnêtes moitiés : nous nous sommes attendus à quelque ouverture extraordinaire, sans pouvoir la deviner, dans l’ignorance où nous étions encore des dernieres nouvelles d’Italie. Enfin il nous a déclaré de la meilleure grace du monde, le dessein qu’il avoit pris de se marier, son apparition chez Madame Sherley, & tout le reste ; après quoi il nous a lu la Lettre qu’il venoit de recevoir.

Doutez-vous de notre joie ? Nous en sommes demeurées interdites, ma Sœur & moi. Cependant, nous avons bientôt retrouvé la force de le féliciter. Nous nous sommes félicités les uns les autres. Mylord L… n’a pas été plus content le jour de son mariage. Mylord G… ne pouvoit demeurer assis. Pauvre homme ! il étoit ivre de joie. Notre vieille Tante ne l’étoit pas moins ; elle a répété vingt fois, qu’enfin son Neveu ne sortiroit pas de l’Isle pour trouver une Femme. Elle a paru charmée aussi de la Lettre de Madame Sherley ; c’étoit une Lettre… telle qu’elle l’auroit écrite dans la même occasion.

Je me suis fait mener ensuite, à grand train, chez Madame Reves, pour lui communiquer votre Lettre, qui m’est arrivée