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du Chev. Grandisson.

qu’il me donne, en m’accordant le pouvoir de l’obliger, en prévenant ses scrupules, en abandonnant tout à mon inclination ? Tous les hommes ne devroient-ils pas suivre cet exemple pour leur propre intérêt ? Et ne seroit-ce pas le plus sûr moyen d’exciter les Femmes à soutenir l’honneur de leur sexe ?

Aussi-tôt que Sir Charles fut parti, ma Grand’Mere se hâta de nous marquer par un Exprès qu’elle avoit des nouvelles fort agréables à nous apprendre, & qu’elle attendoit le lendemain à déjeûner toute notre Famille, sur-tout Miss Byron. Nous nous regardâmes l’un l’autre avec assez d’étonnement : je ne me sentois pas bien, & j’aurois souhaité de pouvoir m’excuser : ma Tante a voulu absolument que je fusse du voyage. Nous étions fort éloignés de nous imaginer que votre Frere eût fait une visite à Madame Sherley. Au premier mot d’un évenement si peu attendu, mes esprits ont eu besoin de soutien, j’ai été obligée de sortir avec Lucie.

En revenant à moi, j’ai craint de trouver un peu de difficulté à supporter qu’il fût venu si proche de nous sans nous voir, sans s’informer de la santé de ceux pour lesquels il fait une si haute profession d’estime, & même d’affection ; mais lorsqu’étant retournée à la Compagnie, j’ai appris les circonstances de sa visite, & j’ai entendu lire les Lettres, alors mes esprits ont recommencé à me manquer. Pendant cette lecture, comme pendant le récit de ma Grand’Mere, tout le