Page:Richardson - Histoire du chevalier Grundisson, Tome 4, 1763.djvu/454

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
248
Histoire

majestueux sur l’assemblée : « Voilà, nous a-t-il dit, ce que j’ai voulu célébrer dans ce lieu champêtre, dont la simplicité convient à celle de mon caractere & de mes sentimens. Telle est la Fête, que je vous y avois annoncée. » Ensuite, levant les yeux vers le Dôme, où ses chers Amis étoient répétés dans plusieurs groupes, il a paru saisi d’une sorte d’enthousiasme, qui sembloit donner une splendeur extraordinaire à son visage : « Murs naissans ! » a-t-il repris d’une voix plus forte, avec cette éloquence dont il semble, comme de tous ses autres talens, que la Nature l’ait partagé dans un jour de profusion ; « Voûte muette ! mais témoin de ma reconnoissance pour tant de bienfaits, & de mon admiration pour tant de vertus ; c’est à ces Divinités, que je vous consacre, sous le tendre & respectable nom d’Amitié. Elles y seront honorées jusqu’à mon dernier soupir. Elles y auront pour Ministre, avec des appointemens dignes du culte, le jeune page Édouard, guide fidele d’un heureux voyage. Jamais je ne ferai de séjour au château de Grandisson, l’héritage de mes Peres, sans venir passer ici quelques momens avec la plus chere moitié de moi-même, & tous les Amis que j’y pourrai rassembler ; pour y adorer au fond de mon cœur tout ce que je respecte & que j’aime. Ainsi le Ciel puisse m’écouter à la derniere heure de ma vie ! »

Après ce noble serment, qui nous a tous