Page:Richardson - Histoire du chevalier Grundisson, Tome 4, 1763.djvu/444

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
238
Histoire

effort, votre cœur se ferme aux dernieres instances d’une Mere qui vous adoroit ! Aussitôt Clémentine, quittant la main qu’elle soutenoit encore, se tourna vers le Marquis ; & les joues baignées de pleurs, qui faisoient rayonner sa beauté : vous l’ordonnez donc, Monsieur ; c’est votre volonté, comme celle de ma Mere ? Elle n’attendit point sa réponse, qu’elle connoissoit assez ; & s’adressant au Comte de Belvedere, avec un mêlange de tendresse & de douleur, qui ne faisoit qu’augmenter les graces sur un si charmant visage : Monsieur, lui dit-elle, d’un ton ferme, si vous me jugez digne de vous, je vous donne à jamais mon cœur & ma main, & j’en fais le serment devant Dieu, pour le confirmer au pied de l’Autel. Le Comte, au plus heureux moment de sa vie, tomba muet à ses pieds.

Nos cris de joie auroient succédé, si le triste spectacle d’une chere Amie, que nous crûmes expirante, ne nous eût fait rentrer, à l’instant, dans notre premiere consternation. À peine Clémentine avoit-elle prononcé son serment, que la Marquise poussa un profond soupir, que nous prîmes pour le dernier de sa vie ; & M. Lowther, la revoyant sans connoissance & sans mouvement, n’en eut pas d’abord une autre idée. Cet état dura quelques minutes. Mais, lorsqu’on ne pensoit plus qu’à la pleurer, quelle fut notre surprise & notre admiration, de lui voir faire un mouvement des