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Histoire

nous chercher des yeux, s’avança vers nous à grands pas. Tout le monde prit le parti de s’arrêter avec d’autant plus d’inquiétude, qu’il ne lui arrivoit gueres de se présenter dans ces occasions. Après quelques mots d’excuse sur le triste avis qu’il nous apportoit, il nous déclara que la Marquise étoit à l’extrémité, qu’il avoit laissé près d’elle le Marquis, le Prélat & le Pere Marescotti, & qu’à leur priere il venoit nous presser de nous rendre à son appartement.

Notre consternation fut si profonde, que, sans lui répondre un mot, rompant tout ordre & toute mesure, nous nous précipitâmes vers le château, dont nous n’étions pas fort éloignés. Le Comte de Belvedere eut l’attention de passer le bras sous celui de Clémentine, pour la soutenir dans un trouble qui pouvoit l’exposer à quelque danger. Sir Charles me rendit le même office. Nous arrivâmes presque ensemble à la porte de l’appartement, où M. Lowther nous confirma ce que nous venions d’entendre. La Marquise étoit non-seulement sans connoissance, mais sans poulx & sans respiration ; elle étoit tombée dans cet état à la suite de sa derniere foiblesse. On ne lui remarquoit un reste de vie, qu’au battement du cœur. En effet, nous étant approchés de son lit, nous la vîmes immobile avec toute la pâleur de la mort au visage & sur les levres. Clémentine, hors d’elle-même à cette vue, se jetta aux genoux de son Pere, &