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du Chev. Grandisson

y avoit à lui faire rappeller ses esprits, commençoit à diminuer notre inquiétude pour ces accidens. Clémentine même étoit rassurée par M. Lowther, qui, sans oser prononcer sur la cause du mal, garantissoit que les principes de la vie n’étoient point altérés.

Dans cette agréable exécution du plan de Sir Charles, je n’ose assurer que toutes ses tentatives aient produit beaucoup d’effet, pour le succès de ses vues. À la vérité, Clémentine ne se refusoit à rien, & sembloit goûter particuliérement la Musique, qui étoit composée de nos meilleurs Instrumens d’Italie. Elle ne rejettoit point le Comte de Belvedere, lorsqu’il lui offroit la main pour entrer au Sallon, ou pour en sortir. À table, aux Spectacles, elle ne marquoit aucun chagrin de le voir placé près d’elle. Elle recevoit ses soins ; elle n’évitoit ni de lui parler, ni de l’entendre. Mais je ne me suis point apperçue, qu’elle parût l’écouter d’un air d’intérêt, ni le traiter avec la moindre distinction. Au contraire, elle devenoit muette, lorsque, de concert, dans la vue de le favoriser, on s’éloignoit quelques momens d’eux ; & lui, que le changement de son sort ne rendoit pas plus hardi, n’osoit troubler ce grave silence. Envain l’excitions-nous des yeux & des mains : je l’aurois battu dans ces occasions, pour lui délier la langue. Sir Charles n’en auguroit pas plus mal des apparences : mais je n’en osois porter le même jugement que lui. D’un autre côté,