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Histoire

& dans l’espérance du bonheur. D’ailleurs elle n’auroit pu rien vous apprendre de plus certain, jusqu’au retour de Sir Charles. Les événemens, quoique liés par un enchaînement admirable, ont été long-tems obscurs pour nous ; & cette seule incertitude m’auroit empêchée de vous mettre l’esprit en suspens par des explications douteuses, quand d’autres obstacles m’auroient laissé le pouvoir d’écrire.

À l’arrivée de nos chers Amis, il s’est ouvert ici comme une nouvelle scene. La joie, qu’ils y ont apportée, étant d’une autre espece que celle qu’ils y ont trouvé répandue, & que je vous ai représentée dans mes dernieres Lettres, il ne s’en est pas fait d’abord une communication si libre, que je n’y aie remarqué quelque réserve. Mylord & Mylady Reresby sembloient marcher, sous les enseignes de l’Amour heureux, avec une correspondance mutuelle, des empressemens ouverts, & tous les transports de deux jeunes cœurs, charmés l’un de l’autre. Émilie & M. Belcher, Miss Holles & mon Cousin, plus réservés dans leurs caresses & leurs expressions, mais aussi vifs dans leurs sentimens, ne respiroient que tendresse, ne cessoient pas de se regarder, & ne pouvoient se perdre un moment de vue. Clémentine a paru plus grave. Soit que la tranquillité de son cœur ne s’accommodât point de cet air passionné, soit que, dans les premiers jours, elle ne fût pas encore assez familiere avec