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Histoire

m’a confessé qu’il se promet beaucoup de l’exemple, pour hâter l’accomplissement de la principale vue de sa Famille. Ne m’applaudissez-vous pas, chere Tante, d’avoir deviné si juste ? Je m’accoutume à juger des intentions de l’Homme que j’aime, par son langage, son air, & souvent ses moindres signes, pour aller au-devant de ses volontés, & les prévenir dans tout ce qui peut lui plaire.

Cependant, j’avois été moins heureuse à les pénétrer, sur un point qui m’occupoit depuis quelques jours. Je lui ai vu faire plusieurs changemens, dont il ne m’a point parlé, dans une des plus belles parties du parc. Il a fait abattre quelques arbres, remuer des terres, & transporter diverses sortes de matériaux. J’ai cru même appercevoir un air de mystere dans les ordres qu’il donnoit. Au fond, je ne veux rien savoir malgré lui. Je n’ai de curiosité que pour ce qu’il souhaite que je sache, & pour ce qu’il prend plaisir à m’apprendre. Mais, n’en pouvant démentir mes yeux, j’attendois qu’il s’expliquât. Enfin ce qui demeure encore secret, pour toute la maison, ne l’est plus pour moi. Il me dit hier que depuis l’arrivée de nos Hôtes, dans le sentiment de la tendre affection qu’il leur porte, il avoit formé le plan d’un petit Édifice, dont il vouloit faire un monument durable d’estime & d’amitié ; qu’il en avoit ordonné les matériaux à Londres ; que, graces à la multi-