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Histoire

conversation a recommencé. Clémentine a continué de nous charmer par son esprit & ses graces. Sa Mere, dans le dessein peut-être de l’éprouver, n’a pas fait difficulté de lui parler de la mort de sa Cousine, & des remercimens qu’elle devoit à Madame de Sforce. Ce sujet l’a rendue plus sérieuse : mais, après quelques regrets décens, elle a rapporté tous les événemens humains à la conduite du Ciel ; comme si ses réflexions eussent déja réglé la mesure de sa douleur ; & ses témoignages de reconnoissance, pour l’amitié de sa Tante, n’ont pas été moins tranquilles. Le Marquis lui ayant recommandé de ne pas faire attendre le Courrier, qui demandoit à partir, & qui avoit déja la réponse de la Marquise, elle a demandé la permission de se retirer, pour faire la sienne.

La joie auroit éclaté après son départ, & chacun sembloit même impatient qu’elle fût sortie, pour s’y abandonner librement ; mais le Marquis, dont l’attention s’étoit partagée plus que la nôtre, entre sa Femme & sa Fille, avoit observé que la Marquise commençoit à se ressentir d’une si longue contrainte ; & cette remarque avoit eu plus de part que l’intérêt du Courrier, à l’ordre qu’il venoit de donner à sa Fille. En effet, à peine étoit-elle hors du Sallon, que la Marquise est tombée dans une nouvelle foiblesse, qui ne nous a pas laissé d’autre empressement qu’à la secourir. Elle en est bien-tôt revenue par nos soins ; & je ne me suis