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du Chev. Grandisson

des dispositions de sa Pupille, il est résolu de tout accorder : c’est la réponse qu’il fera dès aujourd’hui. Il en a pris occasion de parler du Château de Selby, & de vanter le mérite de ma Famille. Mais il regrette, a-t-il dit, que le mariage de ma chere Lucie ait été sitôt fixé. Il souhaiteroit, a-t-il ajouté, qu’on eût pu choisir le même jour pour celui de sa Pupille, & le Château de Grandisson pour la double Fête. Je suis trompée, si ce souhait ne cache pas quelque vue, quelque espérance, qui se rapporte à Clémentine ; d’autant plus qu’en le faisant, il m’a regardée d’un œil mystérieux : &, sans s’arrêter, il a dit qu’il ne s’en flattoit pas moins que son Ami ne prendroit pas d’autre maison que la nôtre, pour la célébration de son bonheur. J’ai cru l’obliger, en répondant que je l’espérois aussi de l’amitié d’Émilie ; & que faisant le même fond sur celle de Mylord & de Mylady Reresby, je ne doutois pas qu’ils ne nous amenassent tous deux sa Pupille.

En repassant au Sallon Clémentine m’a tendrement embrassée. « chere Sœur, m’a-t-elle dit à l’oreille, que j’ai de graces à vous rendre ! Que je vous dois de reconnoissance & d’amitié ! J’ai laissé au Pere le récit des faits, & je me suis réservé les sentimens ; mais je ne précipite rien. Le tems amenera tout ». Elle a cherché l’occasion de joindre successivement mes Belles-sœurs & Madame Bémont, pour leur dire aussi quelque chose d’obligeant. On s’est assis : la