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du Chev. Grandisson

parut si délicate, qu’après quelques difficultés, je ne l’acceptai qu’à deux conditions : l’une, qu’elle fût différée jusqu’au jour suivant ; l’autre, qu’il nous fût permis de la reconduire à son appartement, de l’entretenir le reste du jour, & de souper même avec elle, pour entendre de nouvelles explications, secours nécessaire à ma mémoire ; & pour recevoir plus particulierement ses ordres. Je ne vous fais pas observer, que ma seule vue étoit de vérifier par toutes sortes d’épreuves un miracle, sur lequel je n’osois me fier encore aux plus fortes apparences.

» Vous lui donnerez tout autre nom ; je ne pense point à rabaisser les services de M. Lowther : mais il est certain que jamais Clémentine n’a joui d’une raison plus saine. C’est toute la liberté d’esprit, toute la justesse & la clarté, qu’on admiroit avant sa disgrace. Elle assure qu’au moment de l’apparition, il s’est passé des mouvemens sensibles dans sa tête. Sa physionomie même est changée ; l’air de langueur a disparu, & vous serez étonnés de l’éclat qu’elle a dans les yeux. La Lettre de Madame de Sforce lui causa d’abord quelque émotion : c’est ma Tante qui m’écrit, nous dit-elle avec une espece d’effroi ; la vérité va se découvrir. Ensuite, se reprochant sa précipitation, elle fit venir Camille, qu’elle chargea de porter la Lettre à Madame la Marquise. En recevant la permission de l’ouvrir, elle parut tremblante ; mais elle