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du Chev. Grandisson.

si rare, sans paroître divisé par un double amour ? car je ferai gloire toute ma vie de mes sentimens pour Clémentine.

Vous voyez, cher Ami, les nouvelles difficultés de ma situation ; il me semble que c’est d’Italie, & non d’Angleterre, que l’exemple doit venir. Ne me soupçonnez point d’un excès de délicatesse : l’exemple ne dépend pas de moi, comme de votre Clémentine. Il y auroit de la présomption à le supposer. Clémentine n’a point d’aversion pour le mariage ? elle n’en sauroit avoir pour l’homme que vous avez en vue, puisque la prévention ne subsiste plus pour un autre. Il ne me conviendroit pas de décider ce qu’elle peut & ce qu’elle doit vouloir ; mais elle est naturellement la plus respectueuse des filles ; elle sent plus vivement que toute autre ce qu’elle doit à des Parens, à des Freres qui ont pris tant de part à ses disgraces. Il n’est pas question d’une différence de Religion, qui est son motif pour me rejetter : au contraire, l’obéissance filiale est un devoir de toutes les Religions.

J’écris à la Marquise, au Général, au Pere Marescotti & à M. Lowther. Que le Tout-Puissant perfectionne votre santé, & soutienne celle de l’incomparable Clémentine ! Qu’il répande toutes sortes de biens sur votre excellente famille ! c’est, très-cher Jeronimo, le vœu du fidéle Ami qui s’attend au bonheur de vous voir en Angleter-