Page:Richardson - Histoire du chevalier Grundisson, Tome 4, 1763.djvu/409

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
203
du Chev. Grandisson

empressés à demander que la publication de cet incident fût suspendue.

» Hier nous ne fûmes pas peu surpris de nous voir appellés dès six heures au jardin. Clémentine y étoit déja. Nous la trouvâmes à genoux, sans doute en prieres, dans une allée qui conduit à celle de nos rendez-vous. Cette posture, l’heure à laquelle on nous avoit pressés de descendre, & sur-tout l’action vive avec laquelle nous la vîmes venir au-devant de nous, ne purent manquer de nous faire naître des soupçons fort affligeans. Son discours, qu’elle commença même à quelque distance, en levant les yeux d’un air passionné, ne fut pas plus propre à nous rassurer : elle remercia le Ciel avec transport ; elle nous supplia de joindre nos remercimens aux siens ; elle parla de sa guérison, comme d’un prodige, qui devoit faire notre étonnement ; & passant du même ton à l’avanture dont vous êtes informés, elle nous fit un récit, qu’il est inutile de vous rappeler. Elle nous montra plusieurs fois le lieu : elle nous répéta l’heure & les circonstances : la figure, les mouvemens, le langage du fantôme, tout fut exprimé avec la même force.

» J’atteste le Ciel que dans ma premiere surprise, je ne pris cette scene que pour un accès de sa maladie, qui revenoit sous une nouvelle forme ; & M. Barlet m’a dit, qu’il n’en avoit pas eu d’autre opinion. Cependant nos propres connoissances,