Page:Richardson - Histoire du chevalier Grundisson, Tome 4, 1763.djvu/408

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
202
Histoire

bruit du château nous avertît que nous pouvions être apperçus. En nous retirant, Clémentine parloit peu, & se bornoit à quelques excuses de l’embarras qu’elle nous causoit. Mais il nous étoit aisé de remarquer qu’elle partoit contente. Le reste du tems, elle nous paroissoit plus tranquille ; tout le monde a fait ici la même observation depuis six jours. L’ordre sembloit renaître dans ses idées, & le calme dans son cœur, à mesure que ses dernieres préventions se dissipoient ; ou du moins, les premieres ne revenoient que par intervalles. Elle cherchoit Mylady Grandisson ; elle ne la voyoit plus assez. En public ses regards s’attachoient sur elle avec complaisance ; & lorsqu’elle pouvoit la trouver seule, ou descendre avec elle au jardin, elle s’oublioit dans son entretien. C’étoit un sentiment plus ouvert, un autre intérêt, que celui que vous lui avez vu prendre à sa santé pendant quelques jours de maladie. L’étude de M. Barlet & la mienne étoit de compter ses pas, de suivre ses mouvemens, & d’expliquer toutes ces nouvelles apparences. Nous étions charmés sur-tout de cette chaleur d’affection pour Mylady ; & la cause en étoit si sensible, que nous ne pouvions nous méprendre. Enfin nos espérances augmentoient de jour en jour, & nous pensions même avant hier à vous les communiquer, lorsque la Lettre de Naples nous fit craindre quelque fâcheuse révolution. Aussi nous vîtes-vous fort