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du Chev. Grandisson

dis-je, que les atteintes qu’on porte à votre réputation ne soient une disgrace terrible. Après la Religion, l’honneur n’est-il pas le plus précieux de tous les biens ? Vous devez sentir aussi que le mal s’étendroit à votre Famille. Eh ! d’où peut venir l’affliction que vous y voyez répandue, si ce n’est d’une crainte si juste ? Cependant le remede n’est pas difficile. Un peu d’effort sur vous-même démentiroit tous les bruits, & vous feroit triompher de la malignité d’Olivia. Qu’au lieu des rêveries sombres, où l’on vous surprend sans cesse, on s’apperçoive que vous vous rendez aux usages de la vie, & que vous reprenez un peu de goût pour la société de ceux qui vous aiment ; les plus fâcheuses impressions seront bientôt dissipées. Je vous offre une voie sûre, pour couvrir vos ennemis de confusion. Il n’y a point de Ville d’Italie, qui n’ait des Jésuites : au premier signe du changement que je vous demande, je les emploie tous à vous servir. Leur témoignage, bien concerté, fermera la bouche à la calomnie, & rendra tout son éclat à votre réputation.

» Cette proposition fit sur elle une impression surprenante. Elle me regarda d’un œil fixe, comme frappée de la vraisemblance de mes offres, & cherchant à s’assurer que je ne la flattois point : je ne crus lui voir qu’un reste d’incertitude. Pour le dessein que j’avois de forcer son attention, je lui présentai les mêmes images sous d’autres