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Histoire

biles. Enfin, pesant les forces de la vertu & celles des passions, il a prouvé, par les effets mêmes, que la victoire ayant été pour la Vertu, non seulement elle avoit été la plus forte, mais que les plus grands efforts devoient avoir été les siens : d’où il a conclu que la maladie de Clémentine n’étoit donc pas venue de sa passion, comme la malignité se le figuroit, & qu’au contraire elle n’avoit jamais eu d’autre cause que sa Vertu. C’étoit, nous a-t-il dit, la premiere justification qu’il devoit à cette illustre Fille, pour faire tomber des bruits dont personne ne connoissoit mieux que lui l’injustice.

Que dites-vous, chere Tante, de cette espece d’apologie ? Ne la trouvez-vous pas aussi juste que noble & chrétienne ? Le Pere Marescotti l’a fortifiée par d’autres réflexions. Ce n’est pas pour nous, sans doute, qu’il les a crues nécessaires : Non, non, jamais il ne nous est rien entré dans l’esprit qui puisse blesser la pureté du cœur qu’il défend ! Mais, après son témoignage, des Rivales furieuses, les Olivia, n’obtiendront que du mépris, lorsqu’elles oseront publier qu’une Clémentine est folle d’amour ; & ceux qui ne jugeront pas mieux d’elle, en apprenant son histoire, se couvriront de la même honte.

L’Orateur est tombé ensuite sur les circonstances de la guérison. Il n’a pas nommé M. Lowther, ni touché à l’avanture du Jardin : mais, rapportant tout à la puissance du Ciel, il a reconnu que, depuis hier au matin, le changement étoit si réel, si sensi-